Les TCA, pourquoi ?
L’étiopathogénie (l’origine) des TCA est encore mal connue. On pense aujourd’hui qu’il s’agit de troubles complexes liés à des facteurs à la fois biologiques, psychologiques et environnementaux. On a identifié des facteurs de vulnérabilité (« terrain » génétique et/ou anomalies biologiques préexistantes, traumatismes infantiles, traits de personnalité), des facteurs déclenchants (régimes alimentaires stricts, événements de vie majeurs, puberté et œstrogènes) et des facteurs d’entretien (déséquilibres biologiques induits par le trouble, facteurs environnementaux, facteurs psychologiques, traits de personnalité). Les modifications des comportements alimentaires seraient initialement des mécanismes adaptatifs à des situations dites de stress psychique. Ces mécanismes sont rapidement débordés et aboutissent à la mise en place de conduites qui s’aggravent avec des effets somatiques et psychiques délétères.
Les TCA, quels traitements ?
Le traitement de l’anorexie repose sur des soins pluridisciplinaires qui nécessitent une alliance thérapeutique incluant le patient et ses proches. Autour du référent, pédopsychiatre/psychiatre ou autre spécialiste, qui donne la cohérence à la prise en charge, se déploie toute une offre de soins. Sont ainsi proposés, dans un cadre ambulatoire: suivi médical, suivi nutritionnel et diététique, psychothérapie, groupe de parole, thérapie familiale, ateliers d'expression corporelle, ainsi qu'un groupe de parole pour les parents/proches. Cette prise en charge est assortie d'un contrat de reprise de poids. Parfois l'évolution pondérale mettant la patiente en danger, une hospitalisation temps plein est proposée dans un service spécialisé. D’autres modalités de suivi ambulatoire peuvent être mises en place, comme l’hôpital de jour ou le centre d’activité thérapeutique à temps partiel, parfois en amont ou en aval d’une hospitalisation temps plein.
Le traitement de la boulimie et de l’hyperphagie boulimique reprend les mêmes principes que celui de l'anorexie, avec une prise en charge pluridisciplinaire. Cependant, s'adressant à un public de jeunes adultes et souvent d'adultes, l'aspect familial y est beaucoup moins développé, ainsi que le suivi nutritionnel. La prise en charge classique associe des consultations médicales régulières avec le psychiatre référent et un suivi psychothérapeutique ; la psychothérapie actuellement recommandée est la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Une approche corporelle peut y être associée (relaxation, sophrologie, méditation de pleine conscience). Il existe également des groupes de parole. Dans la boulimie et l’hyperphagie boulimique, des antidépresseurs sérotoninergiques (comme la fluoxétine) peuvent être prescrits, toujours dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplaire et notamment psychologique ; alternativement, un traitement par le topiramate peut être initié dans les centres spécialisés.
Les TCA, quelle évolution ?
Dans plus de la moitié des cas, l'évolution de l’anorexie mentale est nettement favorable. Un facteur de bon pronostic est un délai court entre le début des symptômes et le début des soins. Mais l’anorexie est une pathologie potentiellement grave : environ un tiers des cas évolue vers la chronicité, avec souvent des tableaux mixtes d'anorexie et de boulimie, et de nombreuses complications organiques, en particulier osseuses. On note, dans les études de suivi, environ 7% de décès, tant par dénutrition que par suicide. Les anorexies prépubères, celles de l'adulte ainsi que les formes masculines sont classiquement d'un pronostic particulièrement sévère.
La boulimie et l’hyperphagie boulimique sont également des maladies avec une forte propension à la chronicisation. Cependant leur intensité est variable dans le temps ; il existe des périodes asymptomatiques, qui peuvent durer plusieurs mois avant une rechute. Après 5 ans, plus de la moitié des patients boulimiques sont guéris. L'évolution de l’hyperphagie boulimique est, en termes de sévérité et de durée, comparable à celle de la boulimie.